Dix hivers à Venise de Valério Mieli
Venise. Une rencontre dans un vaporetto. On pourrait croire à une histoire d'amour simple, presque un cliché. Mais Valerio Mieli s'est sûrement demandé pourquoi il faudrait faire une histoire d'amour comme on en a déjà vu si souvent, et il a donc décidé de créer une histoire complexe car la vie n'est jamais simple. Les gens évoluent, les sentiments aussi.
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Dix hivers à Venise » nous montre Camilla et Silvestro changer tout au long d'une décennie. Dix ans pour que s'épanouissent enfin néanmoins leurs sentiments de départ, ses sentiments qui vont ainsi créer une boucle, un cycle.
On retrouve ce motif visuellement lors de la scène du jogging de Camilla. Une église, vue en forte plongée, est au centre du champ. Puis on voit Camilla et Silvestro arriver, chacun d'un coté du bâtiment. Ils sont l'un en face de l'autre mais séparés par l'église qui forme comme le centre d'un cercle et qui les empêche de se voir. Ce qui est intéressant dans cette scène c'est qu'elle traduit parfaitement les sentiments et la situation des deux personnages, qui tout à la fois se cherchent et se repoussent : l'église les sépare mais, parce qu'elle les empêche de se voir et leur interdit donc de se fuir, elle les réunit à l'image. Ils sont à la fois éloignés et ensemble. De plus, ils vont tous deux vouloir aider un moine qui se trouve lui aussi à coté de l'église. Ils ne vont néanmoins pas le faire. Pensant à la même chose mais n'allant pas au bout de leur envie, ils abandonnent chacun à leur tour. Puis ils vont quitter la place où se trouve l'église, partant l'un après l'autre. Ainsi ils ne se rencontreront pas. Ce qui est fascinant dans cette scène c'est que le réalisateur arrive à transmettre toutes ces émotions sans paroles mais cependant avec beaucoup de poésie.
Ce film est d'autre part,très intéressant au niveau de la forme. La lumière utilisée, toujours dans les tons gris- bleus, claire et froide, reste très poétique. Elle représente les deux éléments directeurs de cette histoire : l'hiver et l'amour. Les sentiments gelés, figés.
Ce qui rend surtout ce film original est qu'il est composé de plusieurs épisodes séparés par des ellipses. Elles permettent de ne raconter que ce qu'il se passe durant un hiver avant que l'on ne passe au suivant, permettant aux spectateurs d'imaginer ce qu'il s'est passé entre ces épisodes.
Pour conclure, ce film nous montre que les histoires d'amour ne sont pas toujours simples et que nos sentiments évoluent à mesure que nous même évoluons. Il est original car ce n'est pas l'histoire d'amour en elle même qui est racontée, mais seulement son prologue. Et rares sont les films qui abordent le sujet qu'est l'amour de ce point de vue.
Paloma Royo,
Appoline Royo et
Claire Perez Lycée Jean Moulin d'Albertville