Le forum de la DAAC

J'ai commencé à lire L'Homme à l'envers de Fred Vargas, pour le donner à lire à mes élèves, et je suis un peu sceptique, je n'aime pas énormément le langage ordurier, moi-même, je ne m'exprime que très rarement de cette manière, c'est un peu comme si je lisais une langue étrangère. En plus, ce n'est pas un langage qui respire l'amour et la fraternité, il y a plein de sentiments hostiles à son prochain. Elle est comme ça aussi dans la vie, Fred Vargas ?

J'ai lu cet été deux Fred Vargas : Debout les mots et Pars vite et reviens tard.
Le contexte de lecture est différent du vôtre : c'est l'été, il fait beau et chaud et les élèves sont loin !
Mais rien ne m'a choquée, et certainement pas le langage. Je l'ai trouvé parfois familier, accessible et d'un langage courant en général mais pas ordurier.
J'avais lu P. Fioretto et ses pastiches : peut-être est-ce que je m'attendais à une telle débauche de grossièretés que finalement, je n'ai pas vu ce "pire" auquel je m'attendais.
Ce qui est certain, c'est que j'ai passé un excellent moment (et le soleil n'était pas le seul responsable !), que j'ai conseillé ce livre à mon époux et qu'il a aimé. De là à dire que je le ferai en classe, ce n'est pas une question que je me suis posée !

Peut-être devriez-vous lire d'autres Fred Vargas ? Peut-être est-ce celui-ci qui ne vous convient pas ?

Peut-être : je vais voir. Mais le personnage le plus ordurier (une bergère) vient d'être tué, égorgé par un être mystérieux aux dents longues. C'est peut-être un signe. Je vais continuer, et je vais voir !

Eh bien je l'ai fini, et ne l'ai pas vraiment aimé. J'ai trouvé la narration froide et mécanique, faussement animée par un langage faussement familier, et le mystère lui-même tombe à plat, étant banal et en plus invraisemblable, on n'a pas besoin de prendre un crâne de loup pour tuer des gens, et il faut vraiment être ridiculement bête pour s'imaginer que, à notre époque, des policiers pourront être emmenés vers la piste d'un loup-garou : de la part du meurtrier, ce n'est pas vraisemblable. Le thème du meurtrier qui se fait passer pour un loup-garou a d'ailleurs été déjà traité, de la même façon que dans ce roman de Fred Vargas, dans "La Légende de Thyl Uylenspiegel" de Charles De Coster. De la même façon matériellement, mais dans un style plus noble, je pense. L'héroïne fait piètre figure, en n'ayant pas ou en ne semblant pas avoir de volonté propre, dans ses rapports amoureux. Quant au héros, qui n'est finalement pas l'homme qu'on croyait, l'absence en lui de fil directeur a quelque chose de désagréable, d'un peu sale. S'il avait eu des intuitions géniales, c'eût pu être intéressant, mais cela n'apparaît pas clairement. Ce n'est pas le désordre qui en soi crée l'inspiration, tout de même.