Aucune réponse tranchée n’existe à cette question !
Une partie des spécialistes de la question récuse la nécessité de passer par une étape de développement de la dextérité de l’élève en matière de frappe au clavier au moyen d’outils logiciels dédiés à cet apprentissage, arguant du caractère artificiel d’un tel apprentissage purement fonctionnel, et du fait qu’il est possible, selon eux, que l’élève acquière une dextérité de saisie suffisante dans la simple dynamique des situations concrètes de production d’écrits numériques que les apprentissages de classe lui procurent. Une considération sous-jacente étant le caractère relativement chronophage d’un tel apprentissage fonctionnel, qui viendrait forcément, dans le cadre de programmes scolaires déjà chargés, se substituer à des apprentissages scolaires plus fondamentaux.
D’autres voient un intérêt à en passer éventuellement par une telle phase d’apprentissage. Ce sont pour la plupart des chercheurs (même si tous ceux de cette catégorie ne sont pas unanimes sur la question) qui se sont penchés sur les intérêts et limites du recours au traitement de texte dans la production écrite. La question de fond étant de savoir si le recours au traitement de texte peut s’avérer susceptible ou non d’améliorer la pertinence et la qualité des écrits, en permettant de transformer par facilitation le processus d’écriture de l’élève, notamment dans sa phase cruciale de révision du texte. Les recherches qui vont en ce sens pointent en particulier l’allègement de la charge cognitive de l’élève opéré grâce au traitement de texte qui, facilitant les remaniements de ce dernier au travers de 4 opérations textuelles de base (ajout, suppression, replacement, déplacement), permet d’interrompre le moins possible le processus d’écriture et les révisions fondamentales de la macrostructure du texte. Mais pour certains autres chercheurs qui se sont penchés plus avant sur la question, les espoirs nourris à l’égard du traitement de texte butent sur plusieurs limites, dont celles liées à la maîtrise de ses fonctionnalités, correcteurs orthographique et grammatical entre autres, et notamment sur celle liée à la dextérité de saisie qui, trop imparfaite, ne permet pas à l’élève de saisir ses idées telles qu’elles lui viennent à l’esprit et s’enchaînent, ne parvenant ainsi pas à alléger sa charge cognitive et à faciliter son processus d’écriture/révision. Certains de ceux-ci prônent donc un apprentissage préalable de la frappe rapide au clavier afin que le traitement de texte joue pleinement son rôle facilitateur et favorise, à cette condition expresse, l’amélioration de la qualité des écrits des élèves.
Notons que les débats théoriques relatifs aux apports et limites du traitement de texte dans la production écrite vont au-delà des ces seuls aspects pour se situer sur le terrain de l’organisation des situations d’apprentissage et sur celui de l’élève écrivain au travers de son rapport à l’écriture.
Tous ces aspects, ainsi qu’une large bibliographie consacrée à ces questions sont abordés dans le document joint à cet article : Mémoire de CAFIPEMF (CRIQUET Aristide) : « Les TICE au service de la maîtrise de la langue : Des outils d’apprentissage susceptibles d’aider les élèves en difficultés à investir efficacement les situations d’écriture ? »
Il montre que les débats tant sur la maîtrise de la frappe au clavier que sur l’utilité/efficacité du recours au traitement de texte dans les situations d’écriture ne sont pas tranchés.
Pour ceux qui souhaitent toutefois essayer un tel outil, l’un d’eux, gratuit, est présent sur le CD : Dactylo.