L’hexagone, scène nationale à Meylan, vendredi 29 janvier 2010 Cinématique, Cie Adrien M Le spectacle s’ouvre sur Adrien Mondot, allongé sur le sol, en appui sur un coude, semblant méditer tout en faisant rouler 3 balles blanches devant lui. Il appelle tranquillement l’attention du spectateur. Le ton est donné, il va nous emmener avec lui, et nous invite à le suivre. Il se lève, le mouvement se déploie, les balles ne roulent plus, elles sont lancées dans l’espace dans un rapport que l’on sent intime entre lui et elles. Ils entament une danse ensemble, il donne une impulsion imperceptible, juste, précise, elles se déploient harmonieusement dans l’espace pour revenir vers lui, se posant sur le corps à l’endroit où il faut, en attendant l’impulsion suivante pour repartir dessiner dans l’espace le mouvement dont elles semblent avoir intégré l’intention. La mise en mouvement progresse subtilement, le dispositif électronique entre en jeu ; Sur la scène, apparaissent : la terre, l’eau, le feu, l’air l’espace, et, au milieu des éléments un homme : Adrien, une femme : la féline et sensuelle danseuse Satchie Noro. Vêtus de noir, ils entament un ballet, deux balles humaines qui s’envolent, se posent sur des ilots de terre, traversent des nappes d’eau, dans une chorégraphie d’où surgit la poésie induite par un accord profond entre eux et l’espace qu’ils explorent. Puis le mouvement s’accélère, l’eau qui recouvrait le sol se transforme en filet de pêcheur, le filet recouvre des rochers qui deviennent de plus en plus gros, l’homme et la femme sautent de rochers en rochers de plus en plus vite, ils entrent dans un labyrinthe dans lequel ils s’engouffrent et se laissent glisser dans une joyeuse dégringolade. Le rythme, la musique, les images, les mouvements s’accélèrent jusqu’au paroxysme. Alice est arrivée au pays des merveilles ! Elle regarde, et nous regardons avec les deux danseurs les univers qui s’offrent à nos yeux : tableaux se succédant dans un continuum, de lignes qui s’entrecroisent , d’étoiles qui fusent, de lettres qui arrivent en cascade, blanches sur un fond noir, suivant, en un fantastique ballet, une torche qui se déplace, pour former toutes ensemble, enfin, un mur de mots : boum, badaboum, patatras, qui va dégringoler sous l’impulsion d’une balle. Tableau final, l’homme debout, il ne s’amuse plus avec trois balles blanches, il se concentre sur son jeu avec une seule balle translucide, cristalline, adamantine. La femme le rejoint féline, s’approchant tout en rondeur et en espièglerie, lui dans une statique souple et flexible l’accueille, la faisant entrer dans un jeu à 4 mains. Ils s’enroulent l’un à l’autre pour ne faire plus qu’un et, sans perdre le contact, se laissent glisser sur le sol. Entre eux la balle. Elle, donne une impulsion, la balle tombe. Tout est accompli Les lumières s’éteignent. Les danseurs se lèvent, saluent. Le public applaudit, mais le cœur n’y est pas encore, il ne peut pas sortir aussitôt de l’univers si merveilleux dans lequel il vient d’être entrainé. Il lui faudra quelques longues minutes pour que le contentement s’exprime enfin avec fracas !! Isabelle Abou
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