Le forum de la DAAC

Il reste apparemment des places pour (A)pollonia, programmé au BFM (Bâtiment des Forces Motrices) par la Comédie de Genève et le Théâtre de Mérin, du 12 au 15 janvier. Je ne l'ai pas encore vu (j'y vais vendredi) mais ce spectacle a fait grand bruit cet été à Avignon et a suscité des critiques enthousiastes dans la presse.
C'est un spectacle-fleuve, mis en scène par le Polonais Krzysztof Warlikowski, qui mêle la tragédie grecque (Iphigénie, Alceste) et des extraits de récits contemporains autour de l'occupation allemande en Pologne.
Très beau et très fort, paraît-il.
Peut-être dans le même esprit que la magnifique trilogie de Wajdi Mouawad, Le Sang des promesses ?
Ludovic.

J'ai vu ce spectacle avec des élèves d'option théâtre facultative (1e et T). Ils ont été épatés, intrigués mais surtout impressionnés par la forme artistique. Les quelques longueurs ressenties (en particulier le début de la deuxième partie (après l'entracte) les ont amenés à se questionner sur les limites de l'art théâtral. Mais le sujet et la puissance du texte les ont émus, certains ont même aimé entendre ce texte en polonais qui leur permettait d'être plus sensibles aux voix, à leur timbre, à leur énergie.

J'attends qu'ils mettent par écrit leur "article" critique, et éventuellement j'en ferai figurer quelques extraits sur ce forum si je vois que le sujet intéresse...

La semaine suivante, c'est-à-dire cette semaine, nous avons vu Sin sangre de la compagnie chilienne Teatrocinema... Là encore, le théâtre a partie liée de manière très inventive avec une autre forme artistique, ici le cinéma. Une autre belle et émouvante soirée de théâtre, partagée avec les élèves. Ça fait chaud à un cœur de prof...

Un spectacle impressionnant en effet. Bon, si l'on résume en quelques mots ça fait très "concept Télérama" : quatre heures trente de spectacle en polonais surtitré en français sur la Shoah et la question du sacrifice !
Plus sérieusement, un spectacle total mêlant textes et personnages antiques (Eschyle, Euripide), extraits contemporains (J. Littell, J. M. Coetzee), personnages réels, musique, chansons, cinéma, théâtre, tragique, burlesque...
Il y a des moments insoutenables comme ce long monologue de Clytemnestre qui hurle sa douleur sur un fond de larsens déchirants et insupportables. Des séquences qui recherchent l'inconfort du spectateur.
Des images très fortes restent en mémoire. C'est vraiment un spectacle ambitieux et très abouti. Un travail impressionnant, encore une fois.

Et j'ai vu aussi Sin sangre à Château Rouge à Annemasse. C'est là aussi un spectacle très créatif : on est à la fois devant un film et devant un spectacle vivant. Cette compagnie chilienne a inventé un nouveau genre, entre théâtre et cinéma et visuellement, c'est assez éblouissant.

Warlikovski offre avec (A)pollonia quelque chose de nouveau, immense, prenant la question du sacrifice , la malaxant à l'aune des siècles et de leurs tragédies jusqu'à nos jours; "éblouissement sans fin", "choc esthétique et réflexif"; je rêve de voir Un Tramway du même immense Warlikowski.