Le forum de la DAAC

Schubert avait 8 ans lorsque Kleist écrit son "Amphitryon" (1805). Ils ne sont pas seulement contemporains: la tendresse de l'un, le rire de l'autre ne parviennent pas à recouvrir des plaies profondes.

Benjamin Moreau met en scène cette semaine "Amphitryon" à la MC2. Si vous n'avez pas pris de place, essayez de profiter d'un désistement, cela en vaut la peine. Dans cet "Amphitryon", bien plus tourmenté que celui de Molière, la figure de l'autre est aussi bien source d'un rire déferlant que d'une angoisse allant jusqu'au vertige. Jupiter et Mercure confisquent les apparences Amphitryon et de Sosie, son serviteur et ce n'est pas seulement pour séduire leurs femmes. La mise en scène de Benjamin Moreau, sans complaisance, sans gratuité est servie par une troupe de jeunes acteurs pleins de fougue.

C'est grave et désopilant, le tragique affleure sous le rire et tout au long de la pièce: qu'est-ce qu'on aime ou plutôt qui aime-t-on, au juste, dans l'être aimé? Cette question complexe, Kleist ne la traite pas, il joue avec, il la joue et la déjoue. B.Moreau le sert très honnêtement, sans jamais ennuyer le spectateur, il montre, il effeuille, il décline sans jamais donner l'ennui de démontrer.Schubert joué par Laurence Garcin en bord de scène maintient élégamment cette très belle fable au bord du tragique.

"Amphytrion", du jeudi 6 au mercredi 14.01 à la MC2

GG

Une faute insistante, récurrente, quasiment diabolique dans mon message du 6 janvier: il s'agit bien d'Amphitryon et non d'Amphytrion.
Il y a gros à parier qu'Amphytrion, cet inconnu, ce mal-aimé des Grecs, cherchait, comme Jupiter à prendre la place d'Amphitryon.

La supercherie est enfin découverte et Amphitryon restauré.
GG

Tu as raison, la représentation de la MC2 est fraiche vive jeune bien faite, et rend justice à ce beau texte assez problématique de Kleist. A part l'acteur qui joue Jupiter, que je n'ai pas aimé, tous sont vraiment épatants. Il faut courir aller le voir, il y a encore deux représentations et on trouve de la place.

J'ai assisté avec mes élèves de lycée à la représentation d'Amphityon hier soir. Unanimement, ils ont adhéré au spectacle, appréciant la clarté de la mise en scène qui met en avant, grâce aux Sosies, le comique de la situation, mais aussi son tragique. Ils ont particulièrement relevé l'échange que la mise en scène (portée par le texte) provoque avec la salle dès la première apparition de Sosie. C'était en effet très agréable d'être au milieu d'un public jeune et participatif, de sentir la théâtralité à l'œuvre, non racoleuse mais joueuse et complice. À la fin, en entendant Amphitryon se tournant vers le public appeler les Thébains à sa rescousse, ils ont avoué avoir envie de se lever pour bondir sur scène.