Rêve et silence de Jaime Rosales
Une profonde envie de se laisser aller au sommeil... on résiste, on résiste, mais on finit par s'abandonner dans les bras de Morphée... On rouvre un œil, puis l'autre, pour découvrir finalement que le plan est le même qu'avant notre abandon bien que l'on ait dormi dix minutes. On n' a rien raté, tant mieux on va pouvoir continuer à suivre ! « Mais attends, pourquoi elle se met à parler espagnol la fille ? Et c'est l'enterrement de qui là ? » on chuchote discrètement à son voisin avant de s'apercevoir que la moitié de la salle pose les mêmes questions à l'autre moitié des spectateurs. Puis on sombre à nouveau, et le film continue d'être à la fois lent et confus...
Une femme perd sa fille dans un accident de voiture. Son mari, lui, est blessé et ne se souvient plus de l'accident. Il ne se souvient pas non plus avoir eu une fille. Cette femme, ne pouvant pas partager cette souffrance avec son mari, doit faire face à son deuil seule.
On ne parvient pas à compatir avec cette femme, on ne ressent aucune tension alors que le scénario aurait pu faire un film fort. Le noir et blanc rendent le film très beau esthétiquement, et c'est sa seule et unique qualité. Le film commence et se termine par un long plan sur un homme (en couleur!) peignant un tableau...Comment interpréter cela ? Que le peintre, le père, se souvient de sa vie passée malheureuse pour s'inspirer ? Mystères mystères... Après tout, le titre, onirique, est bien rêve et silence, alors peut-être ne faut-il pas chercher à comprendre ce film qui nous plonge dans la perplexité et la consternation.
On a en tête le magnifique film de Nanni Moretti La chambre du fils (Palme d'Or en 2001), et on est forcément déçus par un film auquel le scénario s'apparente mais qui ne lui arrive pas aux chevilles. C'est ironique quand on sait que, cette année, le président du jury était justement Nanni Moretti.
Juliette Naviaux, élève de Première spécialité cinéma du Lycée Louis-Armand
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