Journal de France de Raymond Depardon et Claudine Nougaret
Ce film est un aperçu de la carrière artistique de Raymon Depardon. On a une vision du monde à travers les yeux du couple. Depardon parsème son film d'un humour cynique mais dégage une bienveillance qui le rend sympathique au spectateur. Ce documentaire nous permet de mieux connaître l’œuvre de Depardon. On peut donc penser que ce film est pour son réalisateur une sorte de bilan de sa carrière. Son titre, Journal de France, fait référence à la carrière journalistique de Depardon et à ses nombreuses photos de la France. On peut aussi penser à un journal intime, comme le retour d'un vieil homme sur lui-même. C'est d'ailleurs une impression de vie qui se dégage de ce documentaire, on a la conviction que la carrière de Depardon est loin d'être à son terme, que cet artiste à encore des choses à dire. La vie de Claudine Nougaret et sa rencontre avec Depardon est aussi racontée. Pendant que son mari fait des « détours de France » pour prendre des photos, passe son temps à trier les vieux rushs que son mari conserve dans leur cave depuis des années, et porte un regard amoureux sur l’œuvre de celui-ci. Ainsi, ce documentaire est un quatre-mains.
Au début de ce documentaire, Depardon nous fait part de son hésitation de jeunesse entre la photographie et le cinéma. Les nombreux plans fixes combinent ces deux arts parents. On se laisse porter par les paysages africains, qui donnent à ce long métrage une grande sérénité. On peut voir des images de reportages de guerre des années de voyage de Depardon, ainsi que des événements historiques marquant de la deuxième moitié du vingtième siècle. Depardon prend des allures d'artiste engagé (il va jusqu'à faire de la prison pour avoir diffusé sur TF1 une interview de l'archéologue Marie-Claude Claustre, retenue en otage au Tchad pendant trois ans). En montrant des extraits de ses anciens films, notamment de celui pour lequel il a fait de la prison, Depardon prend une revanche sur le passé et sur ses censeurs.
Il a la volonté de montrer aux Français leurs institutions (et en particulier la justice), et les met devant les contradictions de leur système. On peut notamment citer une scène vraiment drôle constituée d'images d'archives du tribunal, où un jeune homme provoque la juge. Ces images d'archives sont entremêlées d'images de Depardon sur les routes françaises à la recherche de paysages et de lieux qu'il photographie, et qui constituent un portrait de la France à travers les yeux de l'artiste. Le montage de ce long-métrage est également intéressant : L'Histoire et la vie de Depardon ne sont pas racontées dans l'ordre chronologique. Les nombreux flash-back permettent de montrer une évolution dans l’œuvre et la réflexion de Depardon et leurs répercussions sur son travail actuel.
Ce film, c'est le road-movie d'un artiste indépendant sur les routes de France et dans ses souvenirs de vieux baroudeur solitaire.
Juliette Naviaux Dahrine Rouabhi, élèves de Première spécialité cinéma du Lycée Louis-Armand
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