Albert Nobbs de Rodrigo GarciaUn hôtel chic, les rues sales, le Dublin du XIX ème siècle... Voici le décor de
Albert Nobbs, le dernier film de
Rodrigo Garcia. On y découvre un homme timide, et très peu bavard travaillant dans l'hôtel d'une duchesse comme majordome. De loin le favori des clients mais aussi de ses collègues, Albert Nobbs semble l'employé modèle. Il cache pourtant un secret : en effet cet homme.... est une femme.
Glenn Close joue le rôle principal avec beaucoup de talent : même si le synopsis nous informe de la situation, on doute un instant de l'identité du personnage. Les cheveux courts, le visage marqué, les yeux calmes, l'actrice est frappante de réalisme. Ses manières, sa voix sont celles d'un homme, et même lorsqu'elle revêt une robe, cela sonne aussi faux que si elle s'était déguisée.
Tous les personnages de ce film se cachent derrière une image : les clients de l'hôtel se dissimulent avec leur argent, Joseph l'homme à tout faire se fait passer pour quelqu'un de bon, la patronne rampe devant ses clients et bien sûr Albert se camoufle dans son identité masculine.
Le réalisateur se livre à une intéressante analyse de l'hypocrisie parfois nécessaire pour s'en sortir. Grâce à cela, il critique la société de l'époque, qu'on nous montre comme inégalitaire, dure et intolérante. Certaines femmes se travestissent pour mieux gagner leur vie et vivre leur amour, la gérante de l'hôtel s'écrase devant ses pensionnaires pour conserver leur fidélité et ceux-ci abusent de leur pouvoir pour affirmer leur supériorité.
La solitude est également importante dans ce film. Le personnage cherche désespérément quelqu'un avec qui passer sa vie, pour combler le vide dans lequel il a toujours vécu. Beaucoup de ses actes le prouvent, notamment lorsqu'elle s'accroche à une personne avec qui l'on sait pertinemment que la relation est vouée à l'échec. Ou encore quand elle demande à son amie de vivre avec elle juste après le décès de sa compagne sous prétexte « qu'aucune de nous deux ne sera plus seule ».
Cette recherche de partenaire fait aussi partie du rêve que Albert cultive en secret : ouvrir une boutique de tabac pour laquelle elle économise depuis des années.
Ce mode de vie méticuleux laisse penser qu'elle atteindra son idéal et réalisera son objectif.
Alice Avrillier et
Léa Flacher, élèves du Lycée Jean Moulin d'Albertville.