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AGRÉGATION externe
Quand on calcule sans l’aide de mots, ce qui peut se faire pour des choses particulières, quand par exemple à la vue d’une chose on conjecture ce qui l’a vraisemblablement précédée ou ce qui la suivra vraisemblablement, si ce qu’on pensait devoir suivre vraisemblablement ne suit pas en effet, ou si ce qu’on pensait avoir vraisemblablement précédé n’a pas réellement précédé, on appelle cela ERREUR. Les hommes les plus prudents y sont eux-mêmes sujets. Mais quand nous raisonnons avec des mots de signification générale et que nous aboutissons à une inférence générale qui est fausse, encore qu’on appelle communément cela une erreur, c’est en réalité une ABSURDITE, des paroles dénuées de sens. Car l’erreur est seulement une illusion, par laquelle on présume qu’une chose s’est passée ou doit arriver, alors certes que cette chose ne s’était pas passée ou ne devait pas arriver, mais aussi qu’on ne pouvait lui découvrir aucune impossibilité. Mais quand on profère une assertion générale, sa possibilité n’est pas concevable à moins qu’elle ne soit vraie. Et les mots à l’aide desquels nous ne concevons qu’un son sont ceux que nous appelons mots absurdes, mots sans signification, non-sens. Si donc un homme me parlait d’un quadrilatère rond, ou des accidents du pain dans le fromage, ou de substances immatérielles, ou d’un sujet libre, ou d’une volonté libre, ou de quoi que ce soit de libre, sinon au sens de : libéré de l’empêchement constitué par une opposition, je ne dirais pas qu’il est dans l’erreur, mais que ses paroles ne veulent rien dire, et, en d’autres termes, sont absurdes.
J’ai dit plus haut (dans le chapitre second) que l’homme l’emporte sur tous les autres animaux par la faculté qu’il a, quand il conçoit une chose quelconque, d’être enclin à s’enquérir des conséquences de cette chose et des effets qu’il pourrait accomplir grâce à elle. J’ajoute maintenant à ce que j’ai dit la mention d’un autre degré de la même supériorité : il peut, grâce aux mots, réduire les conséquences qu’il découvre en des règles générales nommées théorèmes ou aphorismes ; autrement dit, il peut raisonner ou calculer non seulement sur les nombres, mais sur toutes les autres choses qui peuvent être additionnées l’une à l’autre ou soustraites l’une à l’autre. Mais ce privilège est tempéré par un autre : celui de l’absurdité. A celle-ci aucune créature vivante n’est sujette, sinon l’homme seul. Et, parmi les hommes, ceux-là y sont de tous les plus sujets, qui font profession d’être philosophes. Car ce que Cicéron dit d’eux quelque part est bien vrai : qu’il n’est rien de si absurde qu’on ne puisse le trouver dans les livres des philosophes. Et la raison en est manifeste : aucun d’entre eux ne fait partir son raisonnement des définitions, c’est-à-dire de l’explication des dénominations qu’il va utiliser. Une telle méthode n’a été employée qu’en géométrie : et c’est ainsi que les conclusions de cette science ont été rendues indiscutables.
Hobbes, Léviathan, Première partie, Chapitre V
AGRÉGATION interne Le candidat a le choix entre les deux textes suivants : Texte n° 1
Quand le père qui l'avait engendré constata que ce monde, qui est une représentation des dieux éternels, avait reçu le mouvement et qu'il était vivant, il se réjouit et, comme il était charmé, l'idée lui vint de le rendre encore plus semblable à son modèle. Comme, effectivement, ce modèle se trouve être un vivant éternel, le dieu entreprit de faire que notre univers aussi devînt finalement tel, dans la mesure du possible. Or, ce vivant, comme il était éternel, il n'était pas possible de l'adapter en tout point au vivant qui est engendré. Le démiurge a donc l'idée de fabriquer une image mobile de l'éternité ; et, tandis qu'il met le ciel en ordre, il fabrique, de l'éternité qui reste dans l'unité, une certaine image éternelle progressant suivant le nombre - cela que, précisément, nous nommons « temps ». PLATON, Timée, 37c-38c (Traduction Pierre Brisson modifiée) Texte n°2 Le passé n'est donc pas passé, ni le futur futur. Il n'existe que lorsqu'une subjectivité vient briser la plénitude de l'être en soi, y dessiner une perspective, y introduire le non-être. Un passé et un avenir jaillissent quand je m'étends vers eux. Je ne suis pas pour moi-même à l'heure qu'il est, je suis aussi bien à la matinée de ce jour ou à la nuit qui va venir, et mon présent, c'est, si l'on veut, cet instant, mais c'est aussi bien ce jour, cette année, ma vie tout entière. Il n'est pas besoin d'une synthèse qui réunisse du dehors les tempora en un seul temps, parce que chacun des tempora comprenait déjà au-delà de lui-même la série ouverte des autres tempora, communiquait intérieurement avec eux, et que la « cohésion d'une vie » est donnée avec son ek-stase. Le passage du présent à un autre présent, je ne le pense pas, je n'en suis pas le spectateur, je l'effectue, je suis déjà au présent qui va venir comme mon geste est déjà à son but, je suis moi-même le temps, un temps qui « demeure » et ne « s'écoule » ni ne « change », comme Kant l'a dit dans quelques textes. Cette idée du temps qui se devance lui-même, le sens commun l'aperçoit à sa façon. Tout le monde parle du temps, et non pas comme le zoologiste parle du chien ou du cheval, au sens d'un nom collectif, mais au sens d'un nom propre. Quelquefois même, on le personnifie. Tout le monde pense qu'il y a là un seul être concret, tout entier présent en chacune de ses manifestations comme un homme est dans chacune de ses paroles. On dit qu'il y a un temps comme on dit qu'il y a un jet d'eau : l'eau change et le jet d'eau demeure parce que la forme se conserve ; la forme se conserve parce que chaque onde successive reprend les fonctions de la précédente : onde poussante par rapport à celle qu'elle poussait, elle devient à son tour onde poussée par rapport à une autre ; et cela même vient enfin de ce que, depuis la source jusqu'au jet, les ondes ne sont pas séparées : il n'y a qu'une seule poussée, une seule lacune dans le flux suffirait à rompre le jet. C'est ici que se justifie la métaphore de la rivière, non pas en tant que la rivière s'écoule, mais en tant qu'elle ne fait qu'un avec elle-même. Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, p. 481-482
Deuxième épreuve : Dissertation
Durée 7h L'épreuve de la liberté.
CAPES externe et CAFEP
Tout ce que Dieu a révélé est certainement véritable, on n’en saurait douter. Et c’est là le propre objet de la foi. Mais pour savoir si le point en question est une révélation ou non, il faut que la raison en juge, elle qui ne peut jamais permettre à l’esprit de rejeter une plus grande évidence pour embrasser ce qui est moins évident, ni se déclarer pour la probabilité par opposition à la connaissance et à la certitude. Il ne peut point y avoir d’évidence, qu’une révélation connue par tradition vient de Dieu dans les termes où nous la recevons et dans le sens où nous l’entendons, qui soit si claire et si certaine que celle des principes de la raison. C’est pourquoi nulle chose contraire ou incompatible avec des décisions de la raison, claires et évidentes par elles-mêmes, n’a droit d’être sollicitée ou reçue comme une matière de foi à laquelle la raison n’ait rien à voir. Tout ce qui est révélation divine doit prévaloir sur nos opinions, sur nos préjugés et nos intérêts, et est en droit d’exiger un parfait assentiment. Mais une telle soumission de notre raison à la foi ne renverse pas les limites de la connaissance, et n’ébranle pas les fondements de la raison, mais nous laisse cet usage de nos facultés pour lequel elles nous ont été données. John Locke, Essai philosophique concernant l’entendement humain, Livre IV, chapitre XVIII, traduction par Pierre Coste revue et légèrement modifiée.
CAPES interne et CAER
Date de création : 09/03/2013 @ 19:49
Dernière modification : 18/06/2013 @ 19:43
Catégorie : Concours
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