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![]() AGRÉGATION externe [429 a 10] Pour cette partie de l'âme par laquelle l'âme connait et pense, qu'elle soit séparée, ou encore que, sans être séparée selon l'étendue, elle le soit selon la notion, il convient d'examiner quel est son caractère distinctif, et comment se fait l'intellection.
Si donc l'intellection est analogue à la sensation, elle doit être ou une sorte de passion sous l'action de l'intelligible, ou quelque autre chose de ce genre. [15] Il faut donc que <cette partie> soit impassible, mais capable de recevoir la forme, et qu'elle soit en puissance telle que la forme, sans être cette forme même ; et que l'intelligence se comporte à l'égard des intelligibles comme le sens à l'égard des sensibles. Aussi est-il nécessaire, puisqu'elle pense toutes choses, qu'elle soit « sans mélange », comme dit Anaxagore, de manière à « dominer », c'est-à-dire de manière à connaître ; en effet, [20] ce qui manifeste <sa forme propre> à côté d'une autre empêche cette <forme> étrangère <d'apparaître> et s'interpose. C'est pourquoi <cette partie> ne peut être dotée d'aucune nature sinon celle-ci : être en puissance. Cela donc qu'on appelle intelligence de l'âme (j'appelle intelligence ce par quoi l'âme pense et croit) n'est en acte, avant de penser, aucun des êtres. Pour cette raison, il n'est pas non plus raisonnable [25] d'admettre qu'elle est mêlée au corps ; car alors elle acquerrait telle qualité, deviendrait chaude ou froide, ou même serait un certain organe, comme un organe sensoriel : mais en fait elle n'est rien de tel. Et ainsi ils ont bien raison, ceux qui disent que l'âme est le lieu des formes, sauf que ce n'est pas l'âme tout entière <qui est telle>, mais l'âme intellective, et que les formes n'y sont pas en entéléchie, mais en puissance. En outre, que l'impassibilité [30] du sens et celle de la faculté intellective ne soient pas semblables, cela est clair dès lors qu'on considère les organes sensoriels et la sensation. Car sous l'effet [429 b] d'un sensible trop fort, le sens est rendu incapable de sentir, par exemple, à la suite de grands bruits, de percevoir le bruit ; comme, sous l'effet de couleurs ou d'odeurs violentes, il ne peut plus voir ni sentir les odeurs. Mais l'intelligence, lorsqu'elle a eu l'intellection d'un objet d'un objet fort intelligible, n'a pas une moindre intellection des objets inférieurs, mais au contraire une meilleure. Le sens, en effet [5] ne va pas sans le corps, alors que l'intelligence en est séparée. Et une fois qu'elle est devenue chacun de ses objets à la manière dont on le dit du savant qui est tel en acte (ce qui se produit lorsqu'elle peut d'elle-même passer à l'acte), même alors elle est en puissance d'une certaine façon, mais non pas de la même façon qu'avant d'avoir appris et trouvé ; et alors, d'autre, elle est capable de se penser elle-même. Aristote, De l'Âme, III, 4, 429a10-b9.
AGRÉGATION interne Le candidat a le choix entre les deux textes suivants :
– Socrate (imaginant ce que Protagoras pourrait lui opposer) : « Pour moi, je l’affirme en effet, il en va de la vérité comme je l’ai écrit : car chacun de nous est mesure de ce qui est et de ce qui n’est pas, mais la différence entre nous est cependant infinie de l’un à l’autre, justement pour cette raison que, pour l’un, c’est ceci qui est et précisément apparaît, mais que, pour l’autre, c’est cela. Et savoir (sophia) et homme savant (sophos), il s’en faut de beaucoup que je nie qu’il y en ait ; mais celui que j’appelle savant c’est l’homme qui, si telles choses apparaissent et sont mauvaises pour l’un ou l’autre d’entre nous, pourrait opérer un changement qui les lui fasse apparaître et être bonnes. Et cette formule, ne va pas à nouveau la traquer au mot près, mais fais plutôt encore un effort pour comprendre plus clairement ce que je dis, et rappelle-toi, par exemple, en effet, ce nous disions précédemment de l’homme malade : les choses qu’il mange lui apparaissent amères et elles le sont, tandis que, pour celui qui est en bonne santé, c’est tout le contraire qui est et apparaît. D’aucun des deux, il ne faut donc faire le plus savant (ce n’est en effet pas possible) ; pas plus qu’il ne faut accuser d’ignorance celui qui est souffrant, parce qu’il a telles opinions, ni déclarer savant celui qui est en bonne santé, parce qu’il en a d’autres ; mais ce qu’il faut opérer, c’est un changement d’un état en l’autre, car l’une de ces deux dispositions est meilleure que l’autre. C’est delà même manière que, dans l’éducation aussi, il y a à opérer un changement d’unedisposition donnée à une autre, qui est meilleure ; mais ce changement, le médecin le produit avec des drogues, le sophiste, avec des discours. Pourtant, ce n’est pas qu’à quelqu’un qui avait des opinions fausses, on en ait fait avoir ensuite des vraies : car il n’est possible d’avoir pour opinion, ni ce qui n’est pas, ni autre chose que ce que l’on éprouve, et ce que l’on éprouve est toujours vrai. Mais, à mon avis, à quelqu’un qui, sous l’effet d’une disposition pénible où était son âme, avait des opinions assorties à une telle disposition, on en a, sous l’effet d’une disposition bénéfique, fait avoir d’autres, elles-mêmes bénéfiques : ce sont précisément ces représentations que certains, par inexpérience, appellent vraies ; moi, je dis qu’elles sont meilleures les unes que les autres, mais plus vraies, nullement. Et les savants, mon cher Socrate, il s’en faut de beaucoup que je dise que ce sont des grenouilles ; mais, s’agissant de corps, je dis que ce sont les médecins, s’agissant de plantes, les agriculteurs. Car j’affirme que ces derniers aussi procurent aux plantes, à la place de sensations pénibles, quand l’une d’elles manque de vigueur, des sensations bénéfiques et saines – vraies elles aussi ; cependant que les savants, les bons orateurs, pour ce qui est des cités, sont ceux qui leur font paraitre juste ce qui leur est bénéfique au lieu de ce qui leur est pénible. »
Platon, Théétète, 166d-167c
Je vise et je perçois un monde. Si je disais avec le sensualisme qu’il y n’y a là que des « états de conscience » et si je cherchais à distinguer mes perceptions de mes rêves par des « critères », je manquerais le phénomène du monde. Car si je peux parler de « rêves » et de « réalité », m’interroger sur la distinction de l’imaginaire et du réel, et mettre en doute le « réel », c’est que cette distinction est déjà faite par moi avant l’analyse, c’est que j’ai une expérience du réel comme de l’imaginaire, et le problème est alors non pas de rechercher comment la pensée critique peut se donner des équivalents secondaires de cette distinction, mais d’expliciter notre savoir primordial du « réel », de décrire la perception du monde comme ce qui fonde pour toujours notre idée de la vérité. Il ne faut donc pas se demander si nous percevons vraiment un monde, il faut dire au contraire : le monde est cela que nous percevons. Plus généralement, il ne faut pas se demander si nos expériences sont bien des vérités, ou si, par un vice de notre esprit, ce qui est évident pour nous ne serait pas illusoire à l’égard de quelque vérité en soi : car si nous parlons d’illusion, c’est que nous avons reconnu des illusions, et nous n’avons pu le faire qu’au nom de quelque perception qui, dans le même moment, s’attestât comme vraie, de sorte que le doute, ou la crainte de se tromper affirme en même temps notre pouvoir de dévoiler l’erreur et ne saurait donc nous déraciner de la vérité. Nous sommes dans la vérité et l’évidence est « l’expérience de la vérité »[1]. Chercher l’essence de la perception, c’est déclarer que la perception est non pas présumée vraie, mais définie pour nous comme accès à la vérité. Si maintenant je voulais avec l’idéalisme fonder cette évidence de fait, cette croyance irrésistible, sur une évidence absolue, c’est-à-dire sur l’absolue clarté de mes pensées pour moi, si je voulais retrouver en moi une pensée naturante qui fasse la membrure du monde ou l’éclairé de part en part, je serais encore une fois infidèle à mon expérience du monde et je chercherais ce qui la rend possible au lieu de chercher ce qu’elle est.
Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (Avant-propos)
Deuxième épreuve : Dissertation Durée 7h Peut-on penser l'oeuvre d'art sans référence à l'idée de beauté? CAPES externe et CAFEP Epictète , Entretiens, I, 28, 1-13, trad. E. Bréhier, modifiée.
[1] Médée
Date de création : 22/02/2010 @ 23:46
Dernière modification : 17/06/2010 @ 17:39
Catégorie : Concours
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